Le 29 octobre, le Centre de Russie pour la science et la culture à Paris a invité son public à une soirée littéraire consacrée au 150e anniversaire du grand écrivain russe Alexandre Kouprine.

Dans le cadre de la conférence littéraire « Les Destins croisés » en ligne se sont rencontrés le docteur en philologie Tatyana Marchenko, chef de la section de la Culture russe à l’étranger de la Maison de Russes à l’étranger Alexandre Soljenitsine, chercheur principal à l’Institut Alexeï Gorki de l’Académie des sciences de Russie et le docteur en philologie Sergueï Kaznatcheïev, critique, écrivain et poète, spécialiste en réalisme russe, chef de section du conseil d’experts de l’édition du livre au Gouvernement de Moscou.

Les interlocuteurs ont eu un dialogue détaillé sur le « croisement » des destins et des oeuvres des deux grands écrivains, Alexandre Kouprine et Ivan Bounine, dont les anniversaires sont fêtés cette année. Leur discussion a porté sur les liens professionnels et amicaux noués entre les écrivains russes en émigration, la perception de leur travail en Russie et en France avant et après la révolution, de leur vivant et aujourd’hui.

Un portrait vivant du grand humaniste et maître de la prose Alexandre Kouprine dans le contexte de son époque et de son environnement a été complété par des citations des mémoires et des œuvres des deux classiques ainsi que des témoignages de leurs contemporains.

Comme l’ont noté les invités du CRSC, l’oeuvre d’Alexandre Kouprine est un véritable trésor pour ceux qui étudient la culture, l’histoire et la langue russes. C’est toute une encyclopédie de la vie de l’Empire russe au début du siècle dernier, qui reflète ses mœurs, ses dialectes, ses caractères et ses coutumes nationales.

Devenu célèbre après la publication de son roman « Le Duel », il est venu en France en tant qu’écrivain bien connu, contrairement à Ivan Bounine. Cependant, c’est Ivan Bounine qui est devenu le maître et leader de l’émigration littéraire russe, qui a réussi à créer une partie de ses meilleures œuvres dans un pays étranger. Alexandre Kouprine, ayant émigré non de son plein gré, mais ayant été entraîné par le « courant », traversait un exil dur. Dans le même temps, le roman « Jeannette, princesse des quatre rues » et les lettres de l’écrivain, selon Tatyana Marchenko, témoignent de l’intérêt de Kouprine pour la vie française et non pour la vie russe à Paris.

Selon le critique littéraire, « si en 1922 ils étaient tous les deux appelés les principaux candidats de l’émigration russe pour le prix Nobel de littérature, alors en 1933, lorsque Bounine en est devenu lauréat, Kouprine, qui avait subi un micro-AVC, a remercié son vieil ami pour l’aide financière d’une manière incroyablement touchante — et comme si de l’autre rive de la vie. »

Soulignant le décalage entre l’humanisme de Kouprine et la cruauté de l’époque, le philologue a noté que c’était la gentillesse qui empêchait l’écrivain de conserver sa renommée. En même temps, c’était elle qui a offert à Kouprine l’amour du peuple, tandis que tous les prix ont été remis à Bounine.

Lors de son intervention durant la conférence, Sergueï Kaznatcheïev a évoqué le prochain album d’Olga Zalieva « Tchekhov, Bounine, Kouprine » et s’est penché sur les liens tissés entre les trois écrivains. Selon lui, la façon dont les trois classiques russes, différents par leur style, leur attitude, leur écriture et leur tempérament humain, ont pu trouver un langage commun et une compréhension mutuelle, donne une bonne leçon aux générations futures d’auteurs.

Révélant le secret de la prose de Kouprine, le critique littéraire a noté la liberté absolue et la véracité de l’auteur, qui sont le plus haut niveau et le critère principal de la maîtrise littéraire.

Faisant un parallèle avec notre temps et notant que même aujourd’hui certains auteurs reçoivent souvent des prix littéraires, tandis que d’autres ne reçoivent pas de reconnaissance, mais restent dans la mémoire du peuple, il a appelé, en plus des efforts qui visent à préserver un riche patrimoine littéraire, à prêter attention aux écrivains talentueux qui vivent autour de nous. Parmi les contemporains doués, la critique a nommé notamment Vera Galaktionova, Anastasia Ermakova et d’autres écrivains en prose qui écrivent de manière réaliste.

En conclusion, Sergueï Kaznatcheïev a lu son poème « Nausicaa », dont le motif errant fait écho au destin du classique russe.

En conclusion, le CRSC a invité le public à écouter un extrait de l’histoire « Le Bracelet de grenats » dans une interprétation talentueuse d’une comédienne diplômée de l’École supérieure d’art dramatique Mikhaïl Chtchepkine Sophie Amelie Costerg.

L’organisatrice de la soirée littéraire et modératrice de la conférence était le chef de section du CRSC à Paris Anna Zvereva.

L’enregistrement complet de la rencontre en ligne, en russe et en français, est publié sur le site web et les pages des réseaux sociaux du CRSC à Paris.