« Les églises, les musées et les monuments ne sont pas construits pour les contemporains.
Ils sont construits pour la postérité. »
Maria Tenicheva

Le 25 février, la Maison russe des sciences  et de la culture à Paris a organisé une présentation en ligne d’un nouveau livre consacré à la célèbre philanthrope russe Maria Klavdievna Tenicheva. L’ouvrage a été co-écrit par des spécialistes de Russie et de France : la fondatrice d’un musée de mécènes à Briansk, Irina Kenia, et le célèbre professeur en études slaves, René Guerra.

Fruit de la collaboration des auteurs, le livre « Le patrimoine de M.K.Tenicheva » est paru chez une maison d’édition de Briansk en 2018. Cette recherche d’Irina Kenia et de René Guerra vise à rendre hommage à l’une des femmes russes les plus remarquables, qui a été appelée la Créatrice de son vivant.

Les invités de la MRSC, s’entretenant avec l’auteure et animatrice de la rencontre, expert d’art Tatiana Barycheva, ont décrit en détail la personnalité de la princesse Maria Tenicheva et son important patrimoine culturel et historique.

La princesse a participé activement à la construction d’écoles et de centres de formation, a mené des actions pédagogiques et éducatives. Mais ses principales réalisations sont la création d’un centre ethnographique unique au village de Talachkino et d’un musée d’art antique russe « Rousskaïa Starina » à Smolensk.

Les participants à la conversation ont parlé de l’importance de l’héroïne du livre pour la culture russe, de sa collaboration créative avec les personnes les plus talentueuses de l’époque, dont Valentin Serov, Nicolas Roerich, Ilia Répine, Mikhaïl Vroubel, Constantin Korovine, Serge Diaghilev, Sergueï Malioutine, Alexandre Golovine, Piotr Tchaïkovski, Anton Rubinstein et bien d’autres.

Irina Kenia a partagé l’histoire du Centre ethnographique de Talachkino, à la création et aux activités duquel la princesse a attiré les plus grands artistes de son temps.

Rappelant les « pages parisiennes » de la vie de Maria Klavdievna, René Guerra a parlé de la célèbre exposition de la collection de la princesse qui a eu lieu en 1907 au Louvre et a attiré l’attention de près de 80 000 visiteurs. L’exposition de près de 6 mille objets d’art antique russe est devenue une véritable révélation pour le public européen. La princesse a reçu des offres pour vendre sa collection, mais a refusé toutes les propositions et a ramené ses trésors en Russie, où elle a ouvert un musée qui ravit encore les visiteurs aujourd’hui.

Poursuivant le thème parisien, Irina Kenia a souligné que Paris avait joué un rôle crucial dans la vie de Maria Tenicheva, car c’était là qu’elle a fait ses études à la célèbre Académie Julian et qu’elle a exposé au Louvre. C’était là qu’elle a vécu les neuf dernières années de sa vie, sans arrêter ses activités créatives et éducatives.

Comme vous le savez, René Guerra est un célèbre conservateur du patrimoine culturel russe hors frontière. Il possède la plus grande collection au monde d’œuvres d’artistes peintres, de poètes et d’écrivains de la « première vague » de l’émigration russe.

Répondant aux questions du public, il a parlé des célèbres archives de Tenicheva, dont une partie, après la mort de la princesse, a été transmise à Prague, aux archives russes, et une autre partie, plusieurs années plus tard, a été transférée à la collection de René Guerra par l’artiste russe Dimitri Bouchène. Illustrant son histoire, le chercheur a montré plusieurs pièces uniques de ces archives : un livre sur Talachkino dédicacé par Maria Tenicheva et la première édition parisienne (1933) des mémoires de la princesse « Les impressions de ma vie ».

À la fin de la conversation, les intervenants ont tenté d’expliquer pourquoi pendant de nombreuses années le nom de la grande bienfaitrice et éducatrice a été voué à l’oubli et pourquoi ce n’est qu’à partir de la fin des années 70 du XXesiècle que des livres sur ses activités et son musée ont commencé à paraître.

Les co-auteurs ont partagé leurs observations positives concernant le fait que le nom de Maria Ténicheva commence progressivement à être connu du grand public, notamment grâce à de nombreuses rééditions des mémoires de la princesse.

Il est symbolique que lors de l’Année de la coopération décentralisée Russie-France, cette rencontre a réuni des représentants de différentes régions des deux pays (Briansk, Smolensk, Moscou, Saint-Pétersbourg et d’autres), en attirant, en outre, des spectateurs de Monténégro, d’Italie et de République tchèque.

L’enregistrement complet de la réunion en ligne en russe et en français est publié sur le site web et la chaîne YouTube de la MRSC.