Le 17 décembre, au Centre de Russie pour la science et la culture à Paris a eu lieu un concert à l’occasion du 95e anniversaire de la naissance de Boulat Okoudzhava. Les chansons les plus célèbres et préférées du barde ont été interprétées sur la scène du CRSC par l’Artiste du peuple de Russie, Oleg Pogoudine. Le chanteur a offert à son public près de deux heures de souvenirs, des mélodies qui nous tiennent tant à cœur, et des textes pénétrants de l’immense Okoudzhava.
La soirée a été ouverte par le directeur du CRSC, Konstantin Volkov, qui a rappelé qu’au cours de l’année 2019, déclarée Année du théâtre en Russie, le théâtre russe et la scène russe étaient représentés au Centre par les noms les plus remarquables et les plus célèbres. Le concert de la « Voix d’argent » de la Russie, Oleg Pogoudine, est une clôture symbolique de ce cycle. « Oleg Pogoudine, comme personne d’autre, incarne l’art scénique russe », a déclaré Konstantin Volkov.
Le concert d’Oleg Pogoudine a réuni un grand nombre de Français, de compatriotes russes, de représentants de l’Ambassade de la Fédération de Russie, du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe situé au quai Branly, de la Délégation permanente de la Fédération de Russie auprès de l’UNESCO et d’autres organisations russes.
La chef de projet du CRSC, Stella Kalinina, a poursuivi la présentation de l’artiste-chanteur. Elle a rappelé le grand concert de Boulat Okoudzhava, en 1967, dans la salle parisienne Pleyel et son dernier concert, en 1995, au Siège de l’UNESCO à Paris. C’est tellement symbolique que les chansons de Boulat Okoudzhava ont à nouveau été interprétées à Paris, dans la salle du CRSC.
Oleg Pogoudine, lauréat de nombreux prix professionnels, est membre du Conseil présidentiel de la Culture et membre du jury du concours de télévision russe « L’Oiseau bleu ».
Cet artiste-chanteur exceptionnel est connu dans le monde entier. Son répertoire comprend des chansons dans plus d’une douzaine de langues européennes – romance urbaine et classique russe, chanson pop européenne, airs de comédies musicales et d’opérettes, chansons folkloriques, romances de Piotr Tchaïkovski, chansons d’Alexandre Vertinski.
Le chanteur a participé à plusieurs reprises en tant que musicien et en tant que présentateur sur la chaîne de télévision Culture dans le projet « Le romantisme de la romance ». La plupart des représentations d’Oleg Pogoudine ont lieu avec un ensemble de musique de chambre, mais on ne peut manquer de mentionner ses performances brillantes au sein des orchestres de renom, tels que l’Orchestre symphonique Piotr Tchaïkovski, l’Orchestre symphonique de Moscou « Philharmonie russe » et l’Orchestre d’instruments folkloriques russes Nikolaï Ossipov.
Comme le célèbre artiste l’a modestement fait remarquer en montant sur la scène du CRSC, « après une présentation aussi brillante, je ne devrais rien y ajouter, je dois juste chanter ». Le public a réagi immédiatement à cette phrase, qui l’a plongé dans une atmosphère simple, sincère et émotionnelle.
Tout comme le monde poétique de Boulat Okoudzhava. C’est lui qui a commencé à parler des choses simples dans ses chansons, en leur donnant, par la puissance de son talent, une telle forme qu’ils sont restés dans l’esprit des auditeurs pour toujours. « Elle parle du cœur humain, de nos sentiments, qui sont plus précieux que toute autre chose » – c’est ainsi qu’Oleg Pogoudine a annoncé la composition suivante lors du concert.
Le programme est devenu une sorte de voyage dans le temps et l’espace. Russie – Géorgie – France – c’est la géographie du monde poétique du célèbre barde.
Boulat Okoudzhava est né à Moscou, où ses parents étaient venus de Tbilissi. Des chansons sur Moscou et la rue d’Arbat sont devenues une sorte de sa carte de visite. Ce n’étaient pas des chansons sur la capitale cérémonielle, mais sur la vie quotidienne des Moscovites ordinaires. « La Romance de l’Arbat » a été interprétée par Oleg Pogoudine en premier.
« Le père de Boulat Okoudzhava est d’origine géorgienne, sa mère est arménienne, et il se considérait comme un “ Moscovite ” de nationalité, mais quoi qu’il ait écrit, il est tout d’abord resté un brillant poète russe » – c’est ainsi qu’Oleg Pogoudine a annoncé « La Chanson géorgienne ».
Parmi d’autres chansons qu’Oleg Pogoudine a présenté au public ce soir-là, il est à souligner « L’Union des amis », qui est devenue « l’hymne » de la génération des années 60, « Le Trolleybus bleu » tant aimée de tous, « Adieu à l’arbre de Noël » sur Leningrad, « La Fantaisie de Paris » et, bien sûr, « La Prière », qui est devenue une chanson incontournable des concerts dédiés à la mémoire de Boulat Okoudzhava. Elle a également un deuxième titre, « La prière de François Villon ». N’ayant pas éveillé les soupçons des censeurs soviétiques, ce poème a donc été publié. En effet, les ballades de François Villon, poète français du Moyen âge, dans les traductions d’Ilya Ehrenbourg, étaient très répandus à l’époque.
Le destin de Boulat Okoudzhava était lié à la France et notamment à Paris. C’est dans cette ville que sort son premier album en 1968, et c’est ici que s’achève son pèlerinage terrestre.
Ce n’était pas pour la première fois qu’Oleg Pogoudine a interprété les chansons de Boulat Okoudzhava, mais lors du concert au CRSC à Paris, sa représentation était particulièrement touchante. Le public a remercié le chanteur par une standing ovation et des cris « Bravo ! »