Le 21 janvier, l’artiste du peuple de Russie Svétlana Krioutchkova a présenté les œuvres de David Samoïlov au Centre de Russie pour la science et la culture à Paris. Le programme « Tant que Pouchkine se perpétue en Russie… » a été dédié au centenaire d’un grand poète soviétique de la génération de guerre.

Le directeur du CRSC Konstantin Volkov a ouvert la soirée saluant le public présent en nombre dans la salle. Dans son allocution de bienvenue, il a souligné que «les rencontres avec cette actrice exceptionnelle, au début de l’année culturelle du Centre, sont déjà devenues une belle tradition. Cette année ne fait pas exception.

Svétlana Krioutchkova est l’auteur de nombreux rôles au cinéma et au théâtre, l’une des actrices russes les plus reconnaissables que les directeurs des meilleures salles cherchent à voir sur leur scène. Ce n’est pas la première fois que Svétlana Nikolaevna se produit au CRSC à Paris. Mais cette année spéciale, qui marque le 75e anniversaire de la Grande Victoire, sera lancée par son programme basé sur les œuvres de David Samoïlov et sa célèbre poésie de guerre.

L’année 2020 revêt en effet une importance particulière, tant pour le Centre qui fête ses 25 ans d’existence, que pour l’artiste elle-même qui célébrera son prochain anniversaire en juin.

Lors de la soirée littéraire, avec l’actrice, sur la scène était présent Alexander Krioutchkov, un excellent guitariste, diplômé du Conservatoire Royal de Bruxelles, lauréat de concours internationaux, qui a apporté au concert une touche particulière d’émotions sincères et de lyrisme.

Chaque représentation de Svétlana Krioutchkova emmène les gens dans un voyage théâtral, l’immersion dans lequel se produit instantanément – dès les premiers mots prononcés par l’actrice. Cette fois-ci, elle a dédié le programme à l’auteur dont la poésie lui est proche. « Les poèmes de David Samoïlov sont toujours à la portée de ma main », a révélé l’actrice.

Le programme qui a duré près de deux heures a couvert toute la période de création de David Samoïlov, de ses tout premiers aux derniers poèmes.

La poésie et la prose des écrivains russes de l’après-guerre sont imprégnées de douleur et de perte. David Samoïlov s’était mis à noter ses vers dans un carnet dès les premiers mois sur le front ; mais ce n’était qu’après la Victoire que bon nombre d’entre eux ont été publiés dans des revues littéraires. Or, les premiers poèmes de l’auteur sont parus en 1941, sous son vrai nom – David Kaufman – dans un recueil s’intitulant « La chasse au mammouth ».

Avec la fin de la guerre, le poète était engagé dans des traductions et écrivait des textes pour des émissions de radio. Cependant, ce n’était qu’en 1970 que Samoïlov a reçu une reconnaissance littéraire après la publication de son recueil de poèmes intitulé « Les Jours ».

David Samoïlov n’a pas fréquenté les milieux littéraires, mais il côtoyait Heinrich Böll, Boulat Okoudjava et d’autres contemporains talentueux.

« David Samoïlov, tout comme Boulat Okoudjava, a grandi à Moscou – leurs souvenirs d’enfance sont si proches et similaires », a raconté Svetlana Nikolaevna, annonçant le poème « La cour de mon enfance ». Il était ami avec Boris Sloutski et Mikhaïl Kozakov, qui étant très proche du poète, l’appelait par le surnom « Desik ». Par ailleurs, la « critique » poétique du film de Mikhaïl Kozakov « La Porte Pokrovski » a été écrite par Samoïlov après la sortie du film.

« L’amitié, c’est quand vous pouvez débarquer chez quelqu’un à l’improviste et vous installer chez lui », a cité le poète Svétlana Krioutchkova. Elle a lu des extraits de ses journaux intimes et de la correspondance de David Samoïlov dans lesquels il parlait de rencontres avec Boris Pasternak, Anna Akhmatova, Maria Petrovikh et d’autres. Le public a bu les paroles du poème « Soldat et Martha », des poésies lyriques des différentes années, des poèmes courtes, des vers blancs, interprétés par Svétlana Krioutchkova, et de ces œuvres de David Samoïlov qu’elle seule lit sur scène, car elles lui sont particulièrement proches.

« Tant que Pouchkine se perpétue en Russie, les neiges rebelles n’éteindront pas la flamme » – un vers de ce poème a donné le nom au programme que Svétlana Krioutchkova a présenté au CRSC. En effet, de nombreuses oeuvres de David Samoïlov sont consacrées à Alexandre Pouchkine. Svétlana Krioutchkova a raconté au public comment, le jour de l’anniversaire de décès d’Alexandre Pouchkine, sur la tombe du poète, elle avait récité le poème de David Samoïlov « Monastère Sviatogorski ».

A la fin de la soirée, le poème « Les Tsyganov » a été présenté au public. Svetlana Nikolaevna a lu les cinq chapitres du poème sur un « moujik russe », en appelant le dernier chapitre de cette oeuvre le « sommet poétique » de David Samoïlov.

En 1988, le poète a reçu le prix d’État de l’URSS. Ses poèmes ont été traduits dans de nombreuses langues européennes.

David Samoïlov est décédé le 23 février 1990 en Estonie, où il était arrivé en 1976, s’installant dans la ville côtière de Pärnu.

Svétlana Krioutchkova a vécu sur scène l’histoire de la vie du poète que le public a suivi dans un élan émotionnel commun. Il ne la laissait pas quitter la scène pendant un long moment en lui offrant une standing ovation.

Svétlana Nikolaevna a remercié le CRSC et les invités du Centre pour un accueil si chaleureux. « En arrivant au CRSC à Paris, je me sens toujours chez moi », a révélé l’actrice. Après la représentation, elle a fait don de son album, qui vient d’être publié à l’occasion de son anniversaire, à la bibliothèque du CRSC, en le dédicaçant et l’accompagnant de ses voeux aux lecteurs et aux invités du Centre.