Documentaire « Le Régiment immortel – mouvement mondial » (2020)

Réalisateur – Alexeï Egorytchev.

Version Originale Sous-Titrée en Français.

Le film porte sur le mouvement international « Le Régiment immortel », sur l’importance de préserver les faits historiques de la Grande Guerre patriotique.

Sur l’idée qu’à travers la succession des générations, notre peuple et les descendants des combattants des pays alliés qui ont participé à la lutte contre le fascisme, garderont leur mémoire d’antan pendant de nombreuses années, pour des siècles !

Allocution de bienvenue du Président du Conseil de coordination des compatriotes russes en France Guéorgui Chepelev à l’occasion de la première du documentaire « Le Régiment immortel : mouvement mondial » à la veille de la Fête de la Grande Victoire

Chers amis

Les journées commémoratives arrivent les 8 et 9 mai. Il y a soixante-quinze ans, nos ancêtres ont achevé la destruction du régime nazi en Europe centrale. Ces jours-ci, nous adresserons traditionnellement nos meilleurs voeux aux anciens combattants et aux enfants de guerre, nous déposerons des fleurs aux lieux commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale, aux monuments aux partisans soviétiques et aux soldats des armées Alliés, aux sépultures des prisonniers de guerre soviétiques et des Ostarbeiters morts en France, aux monuments en mémoire des déportés dans les camps d’extermination nazis.

Cette année, le défilé du « Le Régiment immortel » ne se déroulera pas dans les rues des villes françaises, russes et d’autres pays, mais se tiendra dans un format de conférences, discussions, rencontres en ligne. La mise en quarantaine inattendue est l’occasion de réfléchir aux premiers résultats de notre mouvement. Avec mes amis (dont Nelly Vigenovna Prozorova, la fille d’un soldat décédé près de Stalingrad et Fabienne Auffret), j’ai initié il y a cinq ans le premier « Régiment immortel » à Paris. Depuis 2015, les rangs de notre procession ont décuplé, l’année dernière, la marche du « Régiment » a eu lieu dans 14 villes en France, des milliers de personnes de nationalités différentes y participent, des dizaines de drapeaux des pays de l’ex-URSS et des pays alliés flottent dessus.

Le Jour de la Victoire est devenu la fête principale de notre communauté et de ses amis – c’est une fête avec des larmes aux yeux, c’est la joie et des souvenirs tristes de ceux qui ne sont pas avec nous, c’est un partage de photographies et de pages d’histoire qui comportent les noms de nos ancêtres. Et c’est le jour où il faut réfléchir et se poser des questions importantes.

Le film d’Alexeï Egorytchev « Le Régiment immortel : mouvement mondial », que vous allez regarder, ne donne peut-être pas toutes les réponses, mais il m’a fait réfléchir à nouveau aux problèmes que nos arrière-grands-pères, grands-pères et parents ont affrontés pendant la période d’après-guerre. Comment trouver une langue commune avec les voisins européens des pays limitrophes et des quatre coins du monde, comment apprendre le respect envers la mémoire historique et l’enseigner aux autres ? Comment préserver l’histoire familiale et humaine des héros et des victimes, pour l’empêcher de se dissoudre dans le pathétique des discours de ceux qui voient la mémoire de la guerre ou sa dénégation comme une course au scoop, une opportunité de carrière personnelle, un moyen d’atteindre les objectifs de leur parti politique ? Nos arrière-grands-pères et grands-pères ont vaincu le nazisme et la guerre – pourquoi nous, leurs descendants, ne sommes-nous pas capable de vaincre enfin la pauvreté et la maladie ? Pourquoi ne pouvons-nous toujours pas éradiquer la guerre ? Il y a trente ans, mon grand-père Konstantin Ivanovich, navigateur d’un bombardier, est parti pour toujours au ciel. Son ami combattant nous a quittés, grâce à qui mon grand-père avait appris des mots aimables en ukrainien et puis il me les a appris dans mon enfance. Ces gens ont passé des années terribles ensemble : ils ont brûlé dans le ciel, ils ont enterrés leurs camarades. Mais parfois, je pense que le destin et le temps ont sauvé leur équipage du pire – voir comment la guerre au XXIe siècle retournera dans leur propre maison commune et la déchirera à nouveau. Que nous est-il arrivé, avec leurs descendants, au fil des années ? Comment avons-nous toléré cela ?

Pour trouver des réponses à ces questions et d’agir correctement afin que notre mouvement ne se transforme pas en un rituel dépourvu de profond dessein, il nous faut rappeler ces idées et objectifs que nos ancêtres ont défendus, vaincre le nazisme et mettre fin à cette terrible guerre. Sur la bannière principale du défilé du « Le Régiment immortel » à Paris figure le slogan dans des langues différentes « Pour le monde sans guerres ». Il s’agit d’un mouvement de personnes de bonne volonté, partisans de l’internationalisme, de la solidarité, de l’humanité, de la paix – contre le nazisme, la xénophobie et le militarisme. C’est ce qui unit nos ancêtres qui ont remporté la Grande Victoire – et nous qui en préservons la mémoire aujourd’hui. C’est ce qui aidera notre mouvement à survivre la pression des critiques et des auteurs d’hymnes pathétiques en son honneur. Je suis persuadé que « Le Régiment immortel » a un avenir – parce qu’il réunit des patriotes antifascistes de différents pays – et parce qu’il s’agit d’un mouvement civil, véhiculeur de l’humanité et de la bonne volonté des habitants de notre planète entière.

Et, bien sûr, nous nous souviendrons que notre mouvement n’est pas seulement le Jour de la Victoire, mais davantage – nos actions et notre travail quotidiens qui consistent notamment à aider les anciens combattants et les enfants de guerre, à soigneusement préserver et à transmettre la mémoire de la Victoire, à rendre ses noms aux soldats inconnus et aux сivils morts pendant la guerre, à être solidaires, à empêcher les manifestations xénophobes, à faire tout ce que l’on peut pour éradiquer la guerre et la violence parmi les éléments «normaux» (entre guillemets) de notre civilisation.

С’est à ce moment-là, un monde sans haine ni guerre, la solidarité et l’humanité que nous construirons, pourra être le meilleur monument aux héros et aux victimes de cette terrible guerre, ceux dont nous portons aujourd’hui les images dans les rangs du « Régiment immortel ».

Joyeuse fête de la Grande Victoire, notre fête à nous tous !