Le 15 octobre, le Centre de Russie pour la science et la culture à Paris a organisé une nouvelle rencontre en ligne dans le cadre d’un cycle de conférences récemment lancé et consacré à l’histoire militaire et au légendaire régiment d’aviation « Normandie-Niémen ».

Les participants français et russes ont répondu à l’invitation du CRSC avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme. Le nombre de ceux qui ont manifesté leur souhait d’intervenir autour du thème du légendaire régiment aérien a été si élevé, que la conférence programmée sur le « Normandie-Niémen » a dû être répartie en trois rencontres en ligne (1er, 15 octobre et 25 novembre), d’une durée de plusieurs heures chacune.

Ce projet s’est distingué par des témoignages vivants des participants directs aux événements historiques — des vétérans du régiment, qui, hélas, ne sont restés qu’en Russie, et des descendants des célèbres pilotes français, leurs enfants et petits-enfants. Tous attendaient avec impatience le moment de partager leur histoire et de montrer des photos et des reliques personnelles et familiales.

Lors de l’ouverture de la conférence, le chef de Rossotroudnitchestvo Evguéni Primakov a prononcé une allocution qui témoignait de son engagement personnel à ce sujet, ainsi qu’à l’ensemble des projets menés par l’Agence fédérale et portant sur la préservation de la vérité historique et de la mémoire de la Grande Victoire. Il a également parlé du programme à grande échelle réalisé par Rossotroudnitchestvo dans le monde entier à l’occasion du 75e anniversaire de la Grande Victoire.

Le chef de l’Agence a souligné que la Russie accorde une grande attention à la protection de la vérité historique. « Notre mission commune est d’une grande importance. Elle consiste à préserver la mémoire des événements réels de cette guerre, de l’acte héroïque du peuple soviétique, de la fraternité combattante et de l’esprit de confiance entre les alliés, forgé dans les batailles et ayant permis non seulement de survivre sur les champs de la guerre la plus terrible, mais aussi de remporter, au prix d’incroyables sacrifices et d’efforts hors du commun, la Victoire commune ».

Il a également été noté que le grand intérêt suscité par la conférence, le nombre et la composition de ses participants laissent croire que la mémoire du « Normandie-Niémen » continuera à vivre à la fois en Russie et en France, donnant un bel exemple du courage et de l’amitié de nos peuples aux générations futures.

La réunion s’est poursuivie avec l’intervention du Premier chef adjoint de la Direction générale des affaires militaires et politiques des Forces armées de la Fédération de Russie, Alexeï Tsygankov, qui a parlé de l’exposition au musée « La Route de la mémoire » consacrée au « Normandie-Niémen » et des héritiers du mythique groupe de chasse — pilotes du régiment de chasse du même nom en Extrême-Orient. C’est dans ce régiment, célèbre par ses traditions, que servait le major Roman Filipov, Héros de la Russie, décédé en 2018 dans une bataille inégale avec les terroristes en Syrie.

L’Ambassadeur de Russie en France Alexey Meshkov et l’Ambassadeur de France en Russie Pierre Levy ont adressé leurs salutations chaleureuses aux vétérans et aux autres participants à la réunion.

L’éminent diplomate russe s’est concentré sur la responsabilité de notre génération de s’opposer à la renaissance du nazisme et à la révision du procès de Nuremberg. Son homologue français a préparé pour les invités de la réunion un rapport sur l’exposition organisée par l’Ambassade à l’occasion du 75e anniversaire du retour du régiment aérien en France et a parlé des reliques mémorables conservées dans la résidence moscovite de l’Ambassadeur.

Tant attendus par le public, les invités les plus importants de la réunion étaient certainement quatre vétérans russes qui s’étaient battus côte à côte avec les pilotes français. Le chercheur, auteur de nombreuses publications sur l’histoire du régiment, mécanicien au « Normandie-Niémen » Igor Ilyin a évoqué les pages glorieuses de l’histoire du régiment dans les années de guerre et d’après-guerre, et a présenté son livre « Les chemins de la guerre » sur l’histoire du régiment, qui paraîtra prochainement en version française.

Le pilote du 18e régiment d’aviation de la garde Nikolaï Koulpov a partagé ses souvenirs de missions de combat conjointes avec les as français, d’entraînements au vol de groupe des maîtres de combat solitaire, de relations d’amitié entretenues entre les vétérans après la guerre et de rencontres avec des écoliers.

Les mécaniciens du régiment « Normandie-Niémen » Valentin Ogourtsov et Boris Tsoudikov ont également partagé de précieux souvenirs sur les liens tissés entre les frères d’armes russes et français et ont présenté quelques documents rares.

En prenant le relais des vétérans russes, les enfants des héros français ont mis en lumière le chemin de combat de leurs ancêtres.

Hélène Pouyade, fille du commandant du régiment « Normandie-Niemen » Pierre Pouyade, a parlé de son père légendaire et a montré des photographies des archives familiales.

Le fils du pilote Fernand Pierrot, membre de l’Association « Mémorial Normandie-Niémen » Hervé Pierrot a évoqué le sort méconnu du pilote Yves Mahé.

Les représentants des principales associations commémoratives perpétuant la mémoire de l’escadrille légendaire, Sergueï Araktcheïev, Alain Fages et François Colinot, ont parlé de la pré-servation des reliques du régiment et de la mémoire de l’amitié entre les héros français et soviétiques.

De nombreux faits nouveaux sur l’histoire de l’escadrille ont été présentés sous forme de visites guidées virtuelles par le chef du Musée central de l’armée de l’air russe Alexandre Zarou-betsky et l’expert du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, lieutenant-colonel Gilles Aubagnac.

De documents et informations d’un grand intérêt ont été partagés par le chef du département de recherche des Archives d’État de la région de Toula Irina Antonova, qui s’est connectée à la réunion depuis le bâtiment de l’Assemblée de la Noblesse (Maison des officiers) à Toula, où s’étaient tenues autrefois des soirées avec la participation de pilotes français et soviétiques se reposant après des vols d’entraînement.

L’un des thèmes importants de la réunion en ligne était l’immortalisation de l’exploit du « Normandie-Niémen ». L’Artiste du peuple de Russie, auteur de deux monuments dédiés à l’escadrille Vladimir Sourovtsev a traité ce sujet en détail.

En outre, une présentation d’une maquette d’un nouveau monument, proposée par un groupe d’initiative de jeunes sculpteurs russes, a eu lieu. Les participants à la réunion ont soutenu le projet présenté et ont accepté la proposition de transférer les maquettes de la composition à la direction des deux pays.

Sur une note très émouvante, la rencontre s’est achevée par la performance de la lauréate du Festival international de musique vocale « La Route vers Yalta » Christelle Loury. La brillante chanteuse a interprété à nouveau la célèbre chanson de guerre de Boulat Okoudjava « Nous avons besoin d’une Victoire », traduite en français par Christine Zeytounian-Beloüs.

La conférence a été modérée par le journaliste international, rédacteur en chef adjoint de la revue « Affaires internationales » Mikhaïl Kourakine.

Parmi les principaux consultants ont figuré Gilles Le Roux, membre d’honneur de l’association « Normandie-Niémen », et Sergueï Dybov, chercheur en histoire militaire russo-française, auteur de livres et de publications sur le régiment.

Plus de 120 participants de France, de Belgique et de Russie ont regardé la réunion en direct.

La conférence a été suivie par les élèves de l’école russe de Lyon, de l’école-musée n°712 de Moscou, du lycée n°19 de Kalouga, de l’école-musée de Friazino et de bien d’autres écoles connues pour leurs collections muséales sur le « Normandie-Niémen » et les événements commémoratifs organisés avec la participation d’anciens combattants du régiment.

À la demande d’Andreï Tchérénov, élève de première au lycée linguistique d’Odintsovo, les modérateurs ont présenté une photo de la maquette du Yak-3 réalisée par lui, qui avait appartenu au capitaine Marcel Albert. Un autre exemplaire de cette maquette a été déposé par des lycéens sur la tombe d’un pilote en Russie.

La prochaine conférence se tiendra le 25 novembre, jour de la signature de l’accord sur la participation des pilotes français à des opérations militaires sur le territoire de l’URSS, qui est donc considéré comme le jour de la création de l’escadrille. Le CRSC à Paris organisera une rencontre en ligne avec des historiens et des auteurs des recherches et des livres les plus connus sur l’histoire du régiment.

Il est important de noter que toutes les conférences font l’objet d’une attention croissante de la part du public d’enfants — collégiens et lycéens de Russie et de France. La communication directe avec les témoins vivants des événements de la guerre la plus terrible, le dialogue avec les vétérans sur la lutte commune des armées alliées, le rôle décisif de l’Armée rouge, qui a apporté la libération aux pays d’Europe au prix de sacrifices et de pertes colossaux, est la meilleure garantie de préservation des souvenirs de faits historiques réels sur la Seconde Guerre mondiale dans la mémoire des descendants.

Le cycle du CRSC à Paris se poursuivra avec l’histoire de la lutte héroïque contre le fascisme en France, menée par le héros de l’URSS Vassili Porik et l’un des plus brillants commandants de la Seconde Guerre mondiale Alexandre Tkatchenko, enterrés en France. Elle se concentrera également sur d’autres héros d’origine russe qui ont apporté une contribution significative à l’apparition de la Résistance française et à la Victoire commune.