Xénia Krivochéine, auteure de la biographie complète de Marie Skobtsov publiée dans le livre « Mère Marie (Skobtsov), la sainte de nos jours. »

Le 24 juin, jour du 75e anniversaire du défilé de la Grande Victoire, un office religieux et l’inauguration du cénotaphe en mémoire de Sainte Mère Marie (Skobtsov) ont eu lieu sur le territoire de la nécropole russe à Sainte-Geneviève-des-Bois.

Une plaque tombale en l’honneur de Mère Marie a été installée après toute la coordination nécessaire avec les dirigeants de la ville et la communauté russe dans un complexe commémoratif dédié aux soldats russes morts au sein de l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mère Marie est une moniale orthodoxe, poétesse, théologienne, philanthrope, figure de la Résistance russe en France. Elle a été martyrisée le 31 mars 1945 dans le camp de concentration nazi de Ravensbrück, les cendres de son corps brûlé ont été mélangées et dispersées avec les cendres d’autres prisonniers, c’est pour cela que Mère Marie n’a pas de tombe.

Mais il y a le souvenir qui reste !

La cérémonie d’inauguration du cénotaphe a commencé par un office religieux par l’archevêque Jean (Renneto), métropolite de Doubna. « Mère Marie a été proclamée sainte, et par cette cérémonie, nous rendons hommage à sa participation au mouvement de la Résistance », a prononcé le chef de l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale.

L’importance des relations russo-françaises, éprouvées par le temps et les événements militaires difficiles, a été soulignée par Alice Sebbag, adjointe au maire de Saint-Geneviève-des-Bois, qui a assisté à la cérémonie d’inauguration et s’est adressée à des compatriotes russes et invités français y présents en nombre.

Selon le ministre-conseiller de l’Ambassade de Russie Artem Studennikov, qui a représenté l’État russe lors de la cérémonie, Sainte Mère Marie est sans aucun doute l’une des figures marquantes de l’émigration russe, et son exploit et ses mérites ont été reconnus même pendant la période soviétique, quand en 1985 par décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS, Mère Marie (Skobtsov) a reçu à titre posthume l’Ordre de la Grande guerre Patriotique du II degré pour ses activités antifascistes. « L’exploit des participants russes à la Résistance ne doit jamais être oublié. Ils se sont battus et sont morts pour la libération de la France et pour la liberté de la Russie », a déclaré le haut diplomate.

La conception et l’installation de la plaque commémorative au célèbre cimetière de Paris est devenue possible grâce aux époux Krivochéine — Nikita et Xénia, qui ont été profondément touchés par l’histoire de cette femme héroïque et ont pris l’initiative de sa création et assumé tous les coûts matériels générés en lien.

Xénia Krivochéine a consacré de nombreuses années à une étude détaillée de la vie et de l’exploit de Marie Skobtsov. Cela a débouché sur la publication en 2015 de sa biographie complète dans le livre de Xénia Krivochéine « Mère Marie (Skobtsov), la sainte de nos jours », et en 2019, dans la série « Vies de Saints », de sa monographie « Comment la petite Lisa Pilenko est devenue Sainte Marie de Paris. »

La traduction de ces ouvrages a été réalisée avec brio par le mari de l’auteure de la recherche, Nikita Krivochéine. « Nikita Krivochéine se souvient du jour de la Victoire dans les rues de Paris. Le peuple s’est réjoui ! Son père, le héros de la Résistance, est rapidement revenu du camp de Dachau. Il a miraculeusement survécu. Igor Krivochéine connaissait bien la moniale Marie. Lorsque Igor Krivochéine s’est retrouvé en URSS, il a été parmi les premiers à commencer à parler et à écrire sur les héros de la Résistance — Vika Obolenskaïa, Boris Vildé, Levitski, Mère Marie et bien d’autres. Igor Krivochéine gît ici, dans le cimetière de Saint-Geneviève-des-Bois, sa tombe n’est pas loin de ce Mémorial », a expliqué Xénia Krivochéine.

Grâce aux efforts de la communauté russe en 2016, la mairie du 15e arrondissement de Paris a donné le nom de Mère Marie à une des rues de la ville. Autrefois, il y avait ici une église construite par les efforts de la moniale — l’héroïne de la Résistance. Aujourd’hui, non loin de cette rue se trouve une petite maison paroissiale de Saint-Séraphin-de-Sarov, cachée du bruit des rues parisiennes dans une cour tranquille, qui abrite en son sein le Centre pour l’Étude de Sainte Mère Marie. Tout le monde peut visiter cet endroit et découvrir les icônes et les broderies de Mère Marie, dont beaucoup y ont été transmises par Xénia Krivochéine.

Pour participer à la cérémonie, d’éminents représentants de la communauté russe et des organisations chargées de l’inhumation dans le « carré russe » à Saint-Geneviève-des-Bois se sont réunis : le Comité pour l’entretien des sépultures orthodoxes dans le « carré russe », la Maison russe, le Conseil de coordination des compatriotes russes en France. Des fleurs ont été déposées au nom de l’Ambassade de Russie en France, de la Délégation permanente de la Russie auprès de l’UNESCO, du Centre de Russie pour la science et la culture à Paris, du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris, etc.

Une inscription en français est gravée sur la plaque de marbre du cénotaphe : « Sainte Mère Marie Skobtsov (1891–1945). Moniale, poète, artiste et résistante. Exécutée par les nazis dans le camp de Ravensbrück. Sans sépulture. »

Un certain nombre de documentaires et de longs métrages ont été réalisés sur Mère Marie, des conférences et des expositions internationales ont été organisées, des plaques commémoratives ont été installées. Notamment à Yalta, où une telle plaque a été récemment apposée sur le bâtiment ayant abrité un lycée, où Lisa Pilenko, la future sainte, a étudié.

En janvier 2004, elle a été canonisée par le Patriarcat de Constantinople en tant que révérende martyre.

Le Centre de Russie pour la science et la culture à Paris a joué un rôle important dans l’installation de l’enseigne commémorative, ayant obtenu des justificatifs et des approbations formelles requises. La municipalité de la ville française célèbre pour son histoire russe a réagi avec bienveillance et a fourni toute l’assistance nécessaire à cette fin.

Désormais, sur le territoire de la plus grande nécropole russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, existe un nouveau lieu d’inhumation symbolique, qui sera sans aucun doute d’une grande importance pour l’unité spirituelle des compatriotes et deviendra un lieu rituel considérable pour les événements commémoratifs russes et internationaux en France.
(1) une pierre tombale dans un endroit qui ne contient pas les restes du défunt, une tombe symbolique.

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