L’œuvre de Serge Diaghilev (1872–1929) est entrée dans l’histoire du monde comme un phénomène tout à fait unique, exceptionnel et multiforme.

La figure théâtrale et artistique russe, l’entrepreneur exceptionnel Serge Diaghilev, a présenté de manière saisissante et avec une maîtrise spectaculaire l’opéra, le ballet et la peinture russes à l’étranger. Les ballets russes ont connu un succès d’autant plus retentissant qu’il contribuait pleinement à la vague de mode « pour tout ce qui est russe » ayant conquis l’Europe au début du XXe siècle.

Il a ressenti l’esprit du temps, il comprenait et identifiait sans faute les talents, leur donnait la possibilité de se réaliser et de se développer. Il a pu réunir des personnes complètement différentes, mais en même temps exceptionnellement douées pour un objectif commun.

Du 1er au 30 avril, la Maison russe des sciences et de la culture à Paris propose aux téléspectateurs parisiens sa nouvelle exposition documentaire d’auteur, qui ouvre une série d’événements de la Maison consacrés au 150e anniversaire de la naissance du grand Diaghilev (célébré le 19 mars).

Les panneaux extérieurs de la Maison russe présenteront des photographies de danseuses de ballet exceptionnelles, de danseurs, acteurs et compositeurs célèbres, des reproductions de peintures, des dessins, des croquis de costumes et de décors de théâtre, des affiches et des programmes créés par des artistes éminents du début du XXe siècle. La mémoire de tous ceux qui, sous la direction et l’inspiration de Diaghilev, ont créé un véritable miracle qui est entré dans l’histoire sous le nom de «Saisons russes de Diaghilev».

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Serge Diaghilev est né dans la province de Novgorod dans la famille d’un militaire de carrière. Son enfance et son adolescence se sont passés à Saint-Pétersbourg, où son père a effectué son service à un moment donné, et à Perm, où toute la famille a déménagé après sa démission.

Selon les souvenirs de camarades de classe du lycée de Perm, Diaghilev s’intéressait déjà sérieusement à la littérature russe et étrangère, au théâtre, parlait couramment l’allemand et le français et jouait de la musique.

En 1890, Diaghilev est arrivé à Saint-Pétersbourg, où il s’était inscrit à la Faculté de droit, mais les études ne l’intéressaient pas. Pourtant, il consacre beaucoup de temps à sa formation musicale, Diaghilev prend des cours de chant, compose des variations musicales. Quoique Diaghilev ne soit pas devenu compositeur ou musicien professionnel, toutes ces activités ont joué un rôle important dans sa vie : il connaissait bien le patrimoine musical mondial, il a eu une sensibilité aux œuvres des compositeurs contemporains.

Au cours des mêmes années, Diaghilev a fait une connaissance importante des jeunes talents de son temps — Alexandre Benois, Léon Bakst, Konstantin Somov, Walter Nouvel et d’autres, qui ont ensuite formé le noyau de l’association artistique « Le Monde de l’Art ».

En 1898, avec Alexandre Benois, Serge Diaghilev a commencé à publier le magazine « Le Monde de l’Art », il a participé à l’organisation d’expositions de peintures d’artistes, membresl’association. En 1905, il organise une grande exposition historique et artistique de portraits russes (plus de 2 000 œuvres) des XVIIIe et XIXe siècles.

Diaghilev a effectué plusieurs voyages à travers l’Europe. Après ces voyages l’artiste était définitivement convaincu qu’il était indispensable de donner la possibilité de faire découvrir l’art russe à l’étranger. Il croyait que uniquement l’art avec un caractère national russe prononcé pouvait obtenir une reconnaissance internationale et contribuer au développement de la culture d’autres pays. La tâche était extrêmement difficile, et Diaghilev l’a bien compris. Il s’agissait des initiatives à ses risques et périls, au prix d’énormes efforts, avec de nombreuses difficultés à surmonter.

Depuis 1906, la longue histoire de la mission de Diaghilev a commencé : sensibiliser le public à l’étranger  à l’art russe. En 1906, il a organisé une exposition de peinture russe à Paris, en 1907 il a donné cinq concerts de musique russe avec la participation de Sergueï Rachmaninov et Fiodor Chaliapine. En 1908, « Boris Godounov » avec Fiodor Chaliapine a été mis en scène de l’Opéra de Paris. En 1909, il a présenté des spectacles de ballet russe à Paris.

La période de cette époque jusqu’à la mort de Diaghilev en 1929 a été marquée par les « Saisons russes » qui ont mis en lumière les hautes réalisations de la culture russe en Europe : sa peinture, sa musique, sa chorégraphie, sa danse et sa performance de pantomime. C’était  une véritable révélation pour l’Occident.

Diaghilev a fait découvrir aux Européens les musiques classiques russes : les œuvres de Mikhaïl Glinka, Modeste Moussorgski, Alexandre Borodine, Piotr Tchaïkovski, Nikolaï Rimski-Korsakov. De nombreuses performances ont été créées d’après ses idées et sous son influence. Igor Stravinsky, Sergueï Prokofiev, Claude Debussy, Maurice Ravel, Francis Poulenc, Manuel de Falla et d’autres ont composé la musique brillante de ballet. Les œuvres créées par ces compositeurs ont enrichi le trésor mondial du patrimoine musical.

Des danseurs étoiles du ballet tels que Mikhaïl Fokin et Anna Pavlova, Tamara Karsavina et Vatslav Nijinsky, Ida Rubinshtein ont rayonné de leur élégance dans les ballets de Diaghilev. Il a fait découvrir au monde toute une galaxie de grands maîtres de la danse : Léonide Miassine, George Balanchine, Serge Lifar. La conception théâtrale et décorative de ses performances a été réalisée par des artistes de premier ordre : Boris Anisfeld, Léon Bakst, Alexandre Benois, Ivan Bilibine, Alexandre Golovine, Natalia Gontcharova, Mstislav Dobouzhinsky, Konstantin Korovine, Mikhaïl Larionov, Nicolas Roerich, Fiodor Fedorovsky. Diaghilev a également invité des maîtres étrangers : Georges Braque, André Derain, Henri Matisse, Pablo Picasso. Il a créé le maximum d’opportunités pour faire éclore leurs talents dans ce domaine.

Le public étranger attendait à chaque fois quelque chose de nouveau et de surprenant de la part de Diaghilev. Il répondait toujours aux attentes : il surprenait sans se répéter.

L’art russe, si brillamment présenté à l’étranger, a eu un impact significatif sur la culture de l’Occident dans son ensemble. Le théâtre et l’école de ballet russes n’avaient pas de rivaux. Grâce aux « Saisons russes », le ballet a progressivement commencé à renaître en Europe occidentale et en Amérique. Leurs propres écoles et troupes ont commencé à y apparaître, généralement associées aux noms de diverses figures de la chorégraphie russe.