Le 16 mars, l’écrivain et membre de l’Académie française, Andréï Makine, a été l’invité d’honneur de la Maison russe des sciences et de la culture à Paris.
Andréï Makine vit en France depuis les années 80. En 1990 il publie son premier livre, écrit en français, et en 1995, pour son quatrième roman, « Le Testament français », il reçoit le prix Goncourt, le prix Medicis et le prix Goncourt des lycéens. Benjamin de l’Académie française depuis 2016 (le seul académicien d’origine soviétique), Andréï Makine est désormais immortel.
C’était la quatrième rencontre avec l’un des principaux intellectuels contemporains organisée par la Maison russe et Stella Kalinina, chef de ce projet, qui aux côtés du directeur de la Maison a brillamment animé la rencontre.
Les spectateurs de la Russie, de la Belgique, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie, de la Mexique, de la République tchèque, de l’Ukraine se sont rejoints à l’entretien en ligne.
Cette fois, lors de la présentation de son nouveau roman « L’Ami arménien », l’académicien a partagé ses réflexions sur les sujets les plus pertinents qui embrassent le monde d’aujourd’hui.
« L’Ami arménien » est un roman avec une écriture d’orfèvre, ciselée, d’un style limpide qui transporte le lecteur dans une frissonnante partition en décrivant le sort tragique d’une petite communauté arménienne en toile de fond. Le récit est gorgé de souvenirs de jeunesse où se lie une amitié émouvante et fraternelle avec Vardan, un garçon fragile, d’une santé précaire qui laisse présager le pire qui avait été conçu avant les événements récents au Haut-Karabakh.
Des extraits de nouvelle œuvre littéraire de l’académicien ont été remarquablement interprétés par la célèbre actrice française Anne Lefol.
En répondant aux questions bien profondes, parfois complexes des spectateurs, Andréï Makine a parlé du choc des civilisations après l’abattement du Rideau de fer par l’URSS, de la traduction de ses œuvres et la traductologie en général, de la place de la langue française au Conseil de l’Union européenne, de l’histoire et la géographie des civilisations, de l’endophasie et beaucoup d’autres sujets.
L’invité de la MRSC a exprimé l’espoir et la confiance que la culture malgré le choc des civilisations affronté, trouve toujours des voies détournées pour résister. En suivant la fameuse expression gaullienne de l’Europe magnifique et pacifiée qui va jusqu’à l’Oural, Andréï Makine espère qu’elle pourrait revivre ce grand projet.
Entre autres, il a évoqué la nécessité de retravailler les traductions des œuvres littéraires éditées tous les 25 ans en présumant qu’au milieu du siècle une nouvelle traduction du « Testament français » ou de son autre roman pourrait voir le jour.
Parmi ses auteurs français et russes de prédilection il a distingué Dominique Fernandez ainsi que la finesse de son roman « Un été en Sicile », Ivan Bounine en tant que styliste d’excellence, et son contemporain soviétique Sergueï Dovlatov.
L’académicien a évoqué avec justesse ce qui relève de sa culture, sa race, son histoire et l’évolution chronologique de cette dernière sans oublier l’histoire du premier cosmonaute Youri Gagarine.
L’une des dernières questions portait sur les accords de production de vaccin Spoutnik V en France. « C’est une décision tardive d’accepter le vaccin Spoutnik V… il fallait sortir avant de “ ces petits débats politiciens ” pour s’entendre avec la Russie au profit de la santé des citoyens », a résumé Andréï Makine. Avant de clôturer son discours, il a également appelé « les peuples et les gouvernements des pays actuellement en guerre de s’entendre au lieu d’enterrer des milliers de jeunes victimes provoquant la haine ancestrale ».
L’enregistrement complet de la réunion en ligne en russe et en français est publié sur le site web et la chaîne YouTube de la MRSC.