Le 11 mars, la Maison russe des sciences et de la culture à Paris a invité les téléspectateurs à une rencontre en ligne avec le célèbre écrivain et personnalité publique russe Zakhar Prilépine.

Ce n’était pas la première rencontre à la Maison russe à Paris. Zakhar Prilépine a déjà présenté dans les locaux de la Maison ses nouveaux livres et recherches sur le thème des célèbres poètes russes ayant servi dans l’armée et ayant exercé des foctions publiques. L’œuvre littéraire de l’écrivain consacrée au remarquable poète russe Serguei Essénine a été présentée avec un grand succès. Dans le même temps, l’invité de la MRSC a ouvert au public de nombreuses pages lumineuses de la vie du poète, liées à la France.

Zakhar Prilépine participe régulièrement aux célèbres Journées du livre russe en France, le plus grand événement culturel russe de ce pays, organisé avec l’aide de la MRSC.

Cette fois, la rencontre avec Zakhar Prilépine a été consacrée à la présentation de l’édition française de son livre « Certains n’iront pas en enfer », paru en février dans la traduction de Jean-Christophe Peuch par la maison d’édition « Syrte ».

L’intrigue se déroule dans le Donbass aux jours les plus dramatiques et les plus critiques de la jeune République autoproclamée, ainsi le livre repose en grande partie sur les souvenirs personnels de l’auteur. « Je voulais faire de brèves notes sur cette période, mais le livre est né tout seul, de lui-même », a fait remarquer l’écrivain.

La rencontre avec l’écrivain russe, véritable témoin de la tragédie des compatriotes russes à l’Est de l’Ukraine, a été regardée en Russie, en Biélorussie, en Espagne, en Moldavie, en Pologne, en Serbie, en Ukraine, en Finlande, au Monténégro. La conférence a attiré des spectateurs de 11 villes de France, ainsi que de Moscou, Saint-Pétersbourg, Penza, Simferopol et d’autres.

Au lendemain de la publication sur la chaîne YouTube de la MRSC à Paris, la vidéo de la rencontre a recueilli plus de 1000 vues. L’intérêt ne cesse de croître.

Une telle réussite est le fruit de travail de l’initiateur et coordinateur de ce projet à la MRSC Anna Zvereva.

La conversation avec l’auteur russe a été co-animée par Zivko Vlahovic, étudiant en Master Etudes slaves : traduction et édition à la Sorbonne, traducteur littéraire doué, président de l’Association « Slavitude », organisateur du Salon culturel slave de la Sorbonne et Konstantin Volkov, directeur de la Maison russe.

Zakhar Prilépine a souligné son attitude particulière envers la France et les lecteurs français, ainsi que la réciprocité de cette relation.

Selon Prilépine, le livre a été écrit pour rendre hommage aux vivants et honorer la mémoire des héros disparus de la guerre dans le Donbass, afin de perpétuer leurs noms dans la mémoire du peuple. « Il n’y a rien d’inventé dans le roman », et la principale qualité de l’écrivain est « une honnêteté et une indépendance absolues », y compris l’indépendance vis-à-vis des opinions des lecteurs et du jury des prix littéraires.

L’auteur a parlé de la responsabilité de l’écrivain, qui est à encourir « seulement devant Dieu ». Il a admis qu’il avait certainement « fait chuter » sa réputation en allant au Donbass, mais il ne le regrette pas, car il a gardé sa conscience tranquille et son honneur devant les hommes : « J’étais avec mon peuple et j’en ai apporté un message… ».

Interrogé sur l’inévitabilité des guerres, tant que la cupidité humaine existe, et sur les soldats qui deviennent souvent les otages de la situation politique, l’écrivain a appelé à abandonner les fausses accusations de combattants dans leur agressivité, et à voir les instigateurs de conflits que sont les manipulateurs et les joueurs politiques.

Parlant de la situation dans la zone de conflit, l’écrivain a souligné que l’aggravation actuelle est une forme de pression psychologique et est due à des raisons économiques. « La guerre entre la Russie et l’Ukraine est impossible de facto »… Dans le même temps, « il est important d’avoir à l’esprit que les accords de Minsk ont été conclus dans les conditions de la défaite de Kiev », ce qui devrait devenir une bonne raison pour dissuader le président ukrainien Volodymyr Zelensky de répéter les fautes commises par le passé.

Le public a été touché au vif par la pertinence du thème de l’un des foyers de tension les plus persistants, l’angoisse pour le sort des gens et le risque de déclenchement d’un nouveau conflit. Au cours de la conversation, l’invité a reçu un grand nombre de questions allant de ses objectifs littéraires et de son système de valeurs aux perspectives de guerre et de paix en Ukraine.

La question de la politique ukrainienne dans le domaine de la langue et de l’éducation russes est devenue un autre sujet de discussion. Ainsi, la politique délibérée d’ukrainisation massive et généralisée est perçue comme clairement négative dans le Donbass et ne contribue pas au règlement du conflit dans l’est de l’Ukraine.

L’écrivain a reproché aux organisations de défense des droits de l’homme de continuer à ignorer ces faits. Dans le même temps, il a noté que malgré les tentatives persistantes de gommer notre histoire commune et la langue russe de la vie culturelle de l’Ukraine, la jeunesse ukrainienne aime toujours la musique et la littérature russes.

De nombreux compatriotes, y compris ceux d’Ukraine, ainsi que d’autres spectateurs étrangers ont posé leurs questions angoissées à Zakhar Prilépine. Parmi les participants à la rencontre figuraient Anne-Laure Bonnel, l’auteure du documentaire sur le Donbass tourné en plein conflit en 2015, ainsi que plusieurs éminents slavistes, diplomates et personnalités publiques.

L’enregistrement complet de la réunion en ligne en russe et en français est publié sur le site web et la chaîne YouTube de la MRSC.